Solstice d'hiver (des archives)

La nuit la plus longue

Aujourd'hui marque le solstice d'hiver. Le pôle Nord atteint son inclinaison maximale par rapport au Soleil, ce qui en fait la nuit la plus longue de l'année.

Cette nuit marque un changement important dans la vie des cerfs. La durée du jour est un indicateur essentiel de leurs schémas et cycles annuels. Leur biologie est influencée par ces variations de luminosité. Le solstice d'hiver doit apporter une atmosphère très solennelle dans leur monde. La saison des amours est terminée depuis longtemps, et c'est le moment où les mâles sont les plus faibles, dépensant une grande partie de leur énergie à se battre entre eux pour attirer une partenaire, et n'ayant que des morceaux d'écorce et des arbustes à manger tout l'hiver. Autour du solstice, leur taux de testostérone chute brutalement, provoquant la rupture de leurs bois, donnant un aspect encore plus faible à une créature déjà frêle.

Une promesse de printemps

Mais cette perte s'accompagne de l'espace nécessaire à une nouvelle croissance. Les bois repoussent chaque printemps avec une pointe supplémentaire, signe de l'âge et de la vigueur croissante du cerf. La monotonie de l'hiver amplifie les couleurs explosives du printemps. Le solstice d'hiver marque un tournant. Désormais, chaque jour s'allonge.

On peut être sûr qu'une foule se rassemble aujourd'hui autour de Stonehenge, dans le Wiltshire, en Angleterre. Cette structure préhistorique, vieille de quatre mille ans, est le symbole officieux du solstice d'hiver. Elle est construite comme un immense calendrier lunaire, le coucher du soleil d'aujourd'hui se situant exactement au centre de la pierre bleue. Les bâtisseurs néolithiques de Stonehenge utilisaient des pioches en bois de cerf pour fixer les pierres massives. Ces bois modifiés ont été retrouvés lors de fouilles autour du site.

Un rassemblement pour le solstice d'hiver à Stonehenge

Une pioche en bois de cerf trouvée près de Stonehenge, datée de l'ère néolithique. (à gauche) Peinture bouddhiste japonaise (à droite)

Oh Dieu cerf

On sait peu de choses sur les bâtisseurs de Stonehenge, mais les traditions de ces anciens Britanniques ne sont peut-être pas totalement perdues. On trouve encore des traces de coutumes préchrétiennes disséminées dans les campagnes européennes. Le photographe français Charles Freger a parcouru l'Europe pour documenter les costumes élaborés des fêtes païennes dans une série photographique intitulée « Wilder Man ».

Ces costumes représentent celui qui les porte comme un être mi-homme, mi-animal. Ils suggèrent un récit alternatif à celui que notre culture actuelle nous fait croire. Nous n'avons pas de relation avec la nature. Nous sommes la nature.

Grâce à leur lien si ancien avec les cerfs, ils ont réussi à rester insaisissables. Ils refusent la domestication. Leurs sauts élégants, leurs apparitions soudaines et leurs disparitions rapides font de l'observation d'un cerf une expérience psychique, même pour le matérialiste le plus convaincu. Leur rendre hommage avec une tenue excentrique me paraît tout à fait logique.

Le solstice d'hiver est une période de repos. Tels les cerfs, nous apprenons à accepter la réalité de l'hiver. Le solstice n'est pas un char galopant dans nos vies, mais le début d'une lente marche vers le printemps.

Les bois tombent et, avec le temps, de nouveaux poussent lentement à leur place.